«Stress parental», ce terme que l’on entend fréquemment et dont plusieurs articles et recherches traitent. Évidemment, tous sont à la recherche de solutions. Encore faut-il le conscientiser si on veut y remédier.

Tant qu’un parent ne conscientise pas et/ou n’accepte pas ce fait, le travail auprès de son enfant pour l’aider, lui aussi, à gérer son stress reste difficile.

Pourquoi? D’après les recherches, le stress de l’enfant est dû, à un minimum de 50%, au stress de son parent . Bien sûr, ce n’est pas pour vous culpabiliser que j’écris ces lignes, mais bien pour vous aider à prendre conscience de ce que vous vivez, pour observer cet impact chez votre enfant, et surtout, pour vous mettre en mode « solution ». Sachant que plus de la moitié du stress de votre enfant provient de votre état, il est important de trouver des stratégies afin de mieux s’autogérer en tant qu’adulte. Donc, bonne nouvelle, vous avez du pouvoir pour aider votre enfant en commençant par prendre soin de vous. Une pierre deux coups!

L’autre 50%, plus ou moins, dépendamment des situations, est externe à vous. Il est relié à différents éléments tels que la personnalité et le tempérament de votre enfant, les évènements qui lui arrivent, les gens qu’il côtoie au quotidien, etc.

Un peu de théorie
Comment se fait-il que l’on puisse transmettre notre stress à l’enfant? Les chercheurs appellent ceci la « résonance du stress »2 . En 2012, ils ont pu démontrer que lorsque nous sommes exposés à quelqu’un qui vit du stress, nos hormones de stress augmentent de façon importante. De plus, lorsque nous sommes liés émotionnellement à cette personne, l’augmentation des hormones de stress est encore plus significative.

Ces spécialistes parlent également de « générateurs de stress »3 . Il y aurait deux types de stress : le stress indépendant et le stress dépendant.

Le stress indépendant est le stress sur lequel nous n’avons pas de contrôle: un membre de la famille malade, des examens de fin d’année, une perte financière, etc.

Le stress dépendant, quant à lui, est un stress qui est induit par la personne elle-même. De l’apitoiement interminable, une mauvaise perception des situations plus difficiles, une faible gestion des émotions, des choix de comportements nuisibles en sont des exemples.

L’idée ici est de reprendre du contrôle sur les évènements stressants dépendants. Par exemple, si c’est votre rythme de vie effréné qui contribue à votre stress parental, alors il est de votre responsabilité de revoir l’horaire et les activités. Beaucoup de familles ont des vies de «PDG», incluant les enfants! «Trop, c’est comme pas assez» comme on dit. D’autres éléments provenant du stress dépendant peuvent être améliorés tels qu’avoir une meilleure gestion des émotions, être plus positif dans ses perceptions, et j’en passe.

Toutefois, même dans le stress indépendant, il vous reste encore un certain contrôle : la façon dont vous allez y réagir. Par exemple, vous n’avez pas de contrôle si vous perdez votre emploi. Par contre, il vous reste le contrôle sur vous-même. Bien entendu, vous allez passer par certaines émotions, et c’est normal (à moins que ce soit ce que vous souhaitiez si vous n’aimiez pas cet emploi). L’idée est de se reprendre en main et d’être en mode « solution » afin d’éviter de rester trop longtemps dans un état de stress.

Concrètement, on fait quoi?
Là, vous vous dites, bon d’accord, c’est beau la théorie, mais on fait quoi si on vit du stress parental?

La première étape que je vous suggère est de faire la liste des éléments qui vous génèrent du stress parental, dépendants et indépendants (vous pourriez vous faire deux colonnes).

Je vous invite, comme deuxième étape, à en discuter en couple, et à valider vos perceptions. Évidemment, cela demande une ouverture d’esprit et il faut être prêt à évaluer la situation. Vous aurez peut-être à mettre votre égo un peu de côté. Mais pas de soucis, vous irez le rechercher après l’exercice. Vous pourriez aussi en discuter avec quelqu’un de confiance pour avoir une perception externe.

Si vous êtes monoparental, vous pourriez faire cette deuxième étape avec un(e) ami(e) ou un membre de votre famille. L’idée ici est d’avoir les bons éléments pour mettre vraiment le doigt sur vos stresseurs quotidiens.

Une fois les éléments ciblés, vous êtes à cette troisième étape qu’est l’identification de certains changements possibles sur les facteurs de stress dépendant. Rappelez-vous que vous (et votre conjoint, s’il y a lieu) êtes les metteurs en scène de la réalisation des stresseurs dépendants. Il n’en tient qu’à vous pour qu’ils changent, ou du moins, diminuent.
Vous pouvez donc prendre, point par point, les éléments de votre liste et écrire quelles solutions pourraient être appliquées pour chacun d’eux afin de diminuer les situations qui génèrent votre stress parental.

Et on se calme comment?
Au-delà de faire des changements dans votre horaire afin de mieux souffler et d’être moins pressés jour après jour, il y a différentes stratégies qui existent pour s’apaiser.

La clé reste néanmoins de les appliquer! Dans son livre À chacun son stress, Mme Lupien explique que les adultes auraient avantage à prendre les enfants comme modèle à ce niveau. Elle nomme que les enfants sont de meilleurs élèves dans la mise en action pour appliquer les stratégies que les adultes. Dans ma pratique, j’observe également cette tendance chez les enfants à partir de 8 ans.

Donc, je vous invite à lire cette liste, non exhaustive, et à noter les stratégies qui pourraient vous aider. Puis, laissez-les à portée de main, à des endroits stratégiques dans votre maison afin d’y avoir accès rapidement lorsque le besoin se fait sentir.

• La respiration profonde (le plus profondément possible, par le ventre);
• Chanter;
• Prier;
• Écouter de la musique douce;
• Bouger (toute activité qui requiert une dépense énergétique, même le yoga);
• Faire des mouvements rythmiques;
• Rire (avoir du plaisir et rire pour vrai!);
• Faire des actions altruistes (entraide);
• S’exercer à voir les situations de façon optimiste;
• Être en compagnie de son chien, chat, etc.;
• Parler avec quelqu’un de l’émotion vécue (sans tomber dans le piège de la rumination interminable);
• Écrire sur l’émotion vécue (journal intime);
• Utiliser l’art comme médium d’expression (dessin, peinture, mandala, etc.);
• Pratiquer le changement de votre perception (se mettre à la place de l’autre et tenter de voir la situation avec ses « lunettes »);
• Ignorer la situation et quitter, au besoin (avant de regretter un geste ou une parole et surtout, avant de « résonner » votre stress sur l’entourage);
• Utiliser la diversion : faire autre chose pour se changer les idées;
• Jouer avec les enfants (pour de vrai, avec votre cœur en mettant la situation de côté);
• Vivre le moment présent (exercice de méditation / de pleine conscience, se concentrer sur autre chose comme les oiseaux dans l’arbre, les flocons qui tombent, le chat qui ronronne, etc.);
• Écouter votre cœur, il a peut-être la réponse, qui sait;
• La proximité physique (les câlins font du bien à tous âges);
• Demander de l’aide (ami, parent, voisin, organisme, etc.);
*Ces suggestions sont majoritairement tirées des livres Par amour du stress et À chacun son stress, de Sonia Lupien.

Chaque point pourrait être décortiqué en plusieurs exemples. Ce sera peut-être pour un prochain article.

En conclusion, sachant que votre état interne (en l’occurrence, votre niveau de stress) affecte au minimum 50% l’état de votre enfant, il est important de s’arrêter, de réfléchir sur votre situation et de faire une introspection. Réorganiser votre horaire est l’une des solutions pour avoir un quotidien moins stressant. Il en existe plusieurs autres.

De plus, appliquer des stratégies lorsque nous sommes stressés est la clé. Encore faut-il s’en apercevoir. Je vous invite donc à rester attentif à ce que votre tête et votre corps vous disent et à conscientiser ce que vous vivez. Il vous sera encore plus facile d’aider votre enfant par la suite, en plus d’être un modèle positif pour la gestion du stress!

[1]­ Sonia Lupien. À chacun Son Stress. Éditions Va Savoir, 2019.
[2] Idem.
[3] Idem.

Texte paru sur le site de FDMT: http://blogue.fdmt.ca/comment-arriver-a-diminuer-le-stress-parental/

Lysanne Lanthier
Éducatrice spécialisée et Coach familial
Fondatrice et propriétaire d’Objectif famille