Dans ma pratique, lorsque les parents, les éducatrices ou encore les enseignants m’exposent les difficultés des enfants vécues au quotidien, le thème de la gestion des émotions, dans une majorité des cas, est au rendez-vous dans la problématique discutée.
Un enfant vivant avec des difficultés de développement ou d’apprentissage est un défi supplémentaire pour l’adulte dans l’accompagnement au quotidien. Toutefois, lorsque la gestion des émotions, les crises ou l’opposition de l’enfant entrent en jeu, cela devient un défi additionnel, jour après jour. C’est souvent à ce moment que plusieurs adultes se sentent démunis et sont à la recherche de réponses et d’outils.
Dans cet article, je souhaite aborder l’émotivité sous une autre perspective, moins connue pour le moment : celle de l’impact d’un réflexe archaïque (aussi appelé réflexe primitif) en lien avec la gestion des émotions. Évidemment, il sera question des enfants dans ce texte, mais sachez que ce qui est présenté ici s’applique à l’être humain, peu importe son âge.
Nathan, six ans
Nathan est un garçon de six ans qui vit avec ses parents et sa sœur de trois ans. Il est un petit garçon attachant qui aime bien aider son entourage. Cependant, les parents de Nathan racontent qu’il est très réactif, qu’il s’oppose, qu’il fait de longues crises de façon quotidienne et qu’il ait tendance à frapper sa sœur. À l’école, Nathan démontre des difficultés dans ses relations avec les amis (il est porté à les pousser par exemple), est opposant face aux adultes et peut faire des crises dans différents contextes.
Vous voyez, la situation de Nathan pourrait être perçue de manière différente d’une personne à une autre. Également, si vous êtes un professionnel qui lisez ce texte, vous le voyez avec votre œil de domaine d’expertise. Ici, avec la perspective des réflexes archaïques, particulièrement du manque d’intégration du réflexe de Moro, qui est un important réflexe de survie chez l’humain, je vous exposerai l’impact que cela peut avoir. Le réflexe de Moro, lorsqu’il est en manque de maturation, crée une panoplie de manifestations, dont des difficultés de gestion des émotions. Voici un petit survol de ce réflexe pour vous permettre de mieux le connaitre :
Survol du réflexe de Moro
- Il émerge in utero dans le premier trimestre de grossesse;
- Il devrait s’intégrer idéalement entre le 2e et le 4e mois de vie et il se transforme alors en sursaut nommé le «Strauss»;
- Il fournit au bébé les réactions nécessaires pour faire savoir à son parent qu’un changement sensoriel inattendu est survenu et qu’il a besoin de rassurance ou d’une réponse à un besoin;
- Il est relié au sentiment d’attachement et de sécurité;
- Il est en lien avec une multitude d’autres réflexes archaïques;
- Il est relié au système de fuite et de lutte du système nerveux sympathique;
Si le réflexe de Moro persiste, il compromet la faculté de bien filtrer et de traiter les stimuli sensoriels, ce qui met le corps et l’esprit en état d’alerte permanent ou presque, dépendamment de son niveau de maturation. Étant ainsi sur le qui-vive, cela crée différentes conséquences possibles telles que :
- problème digestif;
- grande fatigabilité;
- difficulté de sommeil;
- hypersensibilités (auditives, visuelles, tactiles, gustatives et olfactives);
- manque de contrôle et impulsivité;
- manque vestibulaire;
- excès de colère / frustration;
- insécurité / anxiété / stress;
- besoin constant d’être rassuré;
- comportement dominateur / manipulateur;
- difficulté pour s’entendre avec les enfants du même âge.
*Ceci n’est pas une liste exhaustive des manifestations possibles reliées au réflexe de Moro[i].
Donc, en creusant avec les parents de Nathan, je m’aperçois qu’il présente plusieurs manifestations du réflexe de Moro qui manquerait d’intégration dans son corps. Il reste important de soutenir et d’accompagner avec bienveillance Nathan dans les situations de crises et d’opposition. Il est également tout aussi important d’aider Nathan à intégrer son réflexe de Moro (et possiblement d’autres réflexes aussi) afin qu’il puisse évoluer de cette situation.
Il est donc important de comprendre ici, sous la perspective des réflexes archaïques, que Nathan ne choisit pas, de façon consciente, de s’opposer, de faire des crises ou encore d’être réactif ainsi. Dans les situations qui amènent Nathan en insécurité, le réflexe de Moro prend alors le contrôle de son être et l’amène à agir de façon réactive et impulsive.
En PNL (programmation neurolinguistique), un des présupposés est que tout comportement a une intension positive. Dans le cas d’opposition ou de crise, c’est le système nerveux qui est à la recherche de sécurité intérieure, et pour se faire, le corps nécessite parfois de passer par ce genre de comportements afin de retrouver un contrôle, de s’assurer une sécurité intérieure ou de se décharger de la tension dans le corps. C’est donc un manque de maturité développementale du réflexe de Moro, entres autres, qui est sous-jacent à ce genre de comportements.
Que faire?
Quelques méthodes existent pour aider les enfants (les adolescents et les adultes également) à faire l’intégration des réflexes archaïques, dont celles-ci : l’approche RMTi®, l’approche MNRI® et la méthode Padovan®. Évidemment, d’autres méthodes et approches sont complémentaires à ces dernières et contribuent à la maturation des réflexes archaïques.
Tel que mentionné plus haut, plusieurs autres réflexes archaïques peuvent créer différentes manifestations chez les enfants, autant en ce qui a trait aux émotions qu’aux difficultés d’apprentissage ou qu’aux difficultés posturales.
Si vous avez reconnu certaines manifestations chez votre enfant/adolescent ou encore chez vous-même ou votre conjoint(e), je vous invite à explorer l’avenue des réflexes archaïques à titre de possible cause. Bien sûr, ceci n’exclut aucunement la consultation d’un médecin ou d’autres professionnels de la santé.
?Chez Objectif Famille, l’intégration des réflexes archaïques est un service offert. Contactez-nous pour discuter de votre situation et évaluer si cette approche pourrait vous convenir.
Au plaisir d’échanger avec vous!
[i] Référence : Rythmic Movement Training International, Moira Dempsey, January 2018